Source : Le Populaire du Centre
Installation de médecins à Niel, un petit village de 1650 habitants en Haute-Vienne.. Il y a quelques jours, nous avons eu la joie de rencontrer 3 jeunes médecins généralistes récemment installés dans un cabinet de groupe. Cet échange nous a apporté beaucoup d’espoir au milieu des chiffres plutôt alarmants sur la désertification médicale. Nous souhaitions donc vous en parler aujourd’hui et partager avec vous leur retour d’expérience sur cette installation de médecins.
Loïc, Clément et Hélène étaient encore internes il y a quelques mois. Ils se sont récemment installés dans un cabinet de groupe à Nieul, un petit village à 20 minutes de Limoges, en Haute-Vienne. Ils ont accepté de répondre à toutes nos questions.
À notre arrivée au cabinet, nous avons été reçus par Loïc. Clément nous a rejoint quelques instants plus tard après une visite d’urgence auprès d’un patient âgé, diagnostiqué positif au covid-19. Hélène n’a pas pu être présente, nous la saluons et espérons la rencontrer prochainement !
Qui sont ces jeunes médecins installés en ruralité ?
Loïc, Clément et Hélène sont tous les trois issus du monde rural. Originaires de la Haute-Vienne, de l’Aveyron et du Cantal, ils se sont rencontrés durant leurs études à Limoges, et en particulier pendant leurs années d’internat.
Au cours de ces années, ils ont appris à se connaître, aussi bien au niveau professionnel que personnel. Ils partagent aujourd’hui la même vision de la vie, de l’exercice de la médecine, et les mêmes valeurs d’indépendance et d’engagement. C’est pourquoi s’installer à trois a été comme une évidence pour eux.
“C’était tous les 3 ou rien”
C’est notamment la confiance qu’ils ont les uns envers les autres qui les a poussés à s’installer ensemble. Collègues et amis, ils sont fiers et heureux de ce choix.
Ensemble, ils cumulent leurs forces, compensent leurs faiblesses, s’entraident, débriefent et exercent à leur façon.
Pourquoi installer leur cabinet dans une commune rurale à 20 minutes de Limoges ?
Si la décision de s’installer tous les 3 ne faisait pas l’ombre d’un doute, décider où s’installer ne fut pas si simple. Ils ont démarché plusieurs communes, étudiés les nombreuses offres pour finalement se faire démarcher par la commune de Nieul. Sans médecins sur la commune depuis 3 ans, le besoin était important. De nombreux habitants n’avaient d’ailleurs plus de médecins traitants, et c’est un point qui a beaucoup compté pour eux.
Sans connaître la commune, ils se sont laissés convaincre par ce village tout en négociant auprès de la mairie une aide pour acheter le matériel. Leur implantation a également été facilitée par la pharmacienne de la commune qui avait préalablement racheté et rénové le local dans lequel ils exercent aujourd’hui, une ancienne maison proche de la pharmacie. Ils ont alors pu lui racheter le bâtiment (grâce à un prêt bancaire), avant de s’y installer en novembre dernier.
Très vite, le cabinet a trouvé sa patientèle. En 3 mois, c’est déjà plus de 1 000 personnes qui sont suivies par le trio. Petit à petit, le cabinet s’agrandit, et il est aujourd’hui question d’accueillir d’autres professionnels de santé tels qu’un psychiatre ou un orthophoniste à court terme.
Bien entendu, s’installer à Nieul était un choix bien différent d’une installation à Paris ou dans une grande ville, pour des tas de raisons (loyer, typologie de patients et d’exercice, etc..), qu’ils ont abordé en toute sincérité avec nous.
Le Chateau de Nieul, la nuit. Source : Wikipedia
La médecine en ruralité, plus intéressant que l’exercice en ville ?
En discutant avec eux, nous avons découvert qu’être médecin en ruralité, c’est faire le choix d’une carrière qui a du sens, mais surtout d’une carrière très intéressante du point de vue médical et technique.
“Entre nous, nous ne parlons pas de désert médical, nous parlons plutôt d’exercice en zone rurale ou en zone urbaine.
L’activité n’est pas la même qu’on soit installé en ville, ou hors de la ville”.
Et de poursuivre : “En ville, le patient est à 2 minutes des urgences, à chaque fois qu’il a un problème grave, il va très souvent se diriger directement vers les urgences. Ici, un patient qui a une suture à faire, on va la faire. Nous n’avons pas de pédiatre sur la commune, donc on gère le suivi pédiatrique, tout comme le suivi gynécologique etc… Les médecins qui sont gênés avec ça, ils s’installent en ville, nous au contraire on trouve ça intéressant.
“On peut être amené à faire toutes les spécialités, à gérer des urgences vitales, ou bien être confrontés à des pathologies aiguës.
Les 2 médecins nous racontent alors une situation récente, plutôt liée à un cas concret d’urgence vécu au cabinet : “L’autre soir, nous avons géré un infarctus au cabinet. On a un électrocardiogramme, on a détecté la pathologie et on a attendu que le SAMU arrive et le SAMU la de suite amener en salle de coronarographie. On aurait été à 2 minutes des urgences, la patiente y serait allée directement, ou En disant qu’elle avait mal à la poitrine, son médecin l’aurait envoyée aux urgences, et elle aurait sûrement attendu plus longtemps pour avoir un électrocardiogramme et donc pour faire le diagnostic et finalement pour être prise en charge.. ”
Au-delà de la diversité des diagnostics et des soins évoqués longuement avec les jeunes médecins, c’est la relation de confiance et de suivi avec leurs patients qui est au cœur de l’exercice de la médecine en ruralité. Les patients s’adaptent, ils ne s’attendent pas à avoir quelqu’un 24h/24. Toutefois, ils leur confient leurs vies et comptent sur eux en cas de besoin. Pour cela, les patients sont reconnaissants.
Source : Laou Medical sur facebook
Pour Loïc, il aurait donc été impensable de s’installer dans une zone urbaine.
Comme eux, de nombreux internes de la Faculté de médecine de Limoges se sont d’ailleurs installés dans des villes ou villages en périphérie de Limoges, plutôt que le centre-ville de la métropole.
Pour les médecins, cette relation est donc aussi inestimable sur le plan humain que sur le plan professionnel.
Les visites à domicile de patients sont-elles plus prenantes qu’en ville ?
Le bassin d’habitants autour de Nieul rassemble environ 8 000 habitants. En s’installant tous les 3, c’était gérable. Ils avaient également conscience qu’il s’agissait d’une population vieillissante, avec un réel besoin de soins. Les 3 jeunes médecins font donc quelques visites à domicile au cas par cas, quand les patients ne peuvent pas du tout se déplacer.
“En plus on est à côté d’une maison de retraite, et on a beaucoup de personnes âgées dans la commune, on va donc être amené à faire du soin palliatif à domicile. On va le faire, pas parce qu’on y est obligé, mais parce qu’on est dans une prise en charge globale et sur le long terme du patient”
Le cabinet de groupe de médecins généralistes, nouvelle tendance ?
Pour ces trois amis, s’installer ensemble et en libéral était une évidence. Pour cause, les avantages sont nombreux : possibilité de choisir leurs vacances sans se justifier, horaires flexibles, transfert automatique des patients en cas d’absence entre eux, permanences alternées en fonction de leurs besoins…
“On échange beaucoup entre nous, le midi on mange ensemble, on connaît tous les patients des 2 autres et on échange sur les patients”
Un autre atout de ce mode d’exercice, c’est aussi le planning et la flexibilité. Pour les 3 amis, le fait de pouvoir partager l’activité leur permet d’avoir une vie à côté, mais aussi d’autres engagements. Loïc assure régulièrement des gardes, tandis que Clément participe à l’enseignement à la faculté de Médecine de Limoges.
Ce qui est intéressant dans leur projet, c’est également que les 3 médecins comparent leur installation à une réelle démarche entrepreneuriale. En effet, ils ont monté une société et contracté un crédit sur 20 ans. Cette démarche, bien qu’elle se soit déroulée sans problème, ne fut pas forcément évidente pour des jeunes qui n’ont jamais été sensibilisés à la création d’entreprises.
En devenant propriétaires de leurs locaux, c’est également leur indépendance dans laquelle ils ont investi. Si de fait, ils n’ont pas souhaité être financés par l’ARS dans le cadre d’une MSP* (maison de santé pluridisciplinaire), c’est aussi pour être plus libres, pour se sentir indépendant, libre de choisir leurs horaires, leurs congés, etc.
Pour autant, la mairie de la commune les a soutenus et leur a accordé une subvention afin de financer l’achat du matériel et du mobilier du cabinet.
Enfin, c’était également l’opportunité de pouvoir choisir leurs propres prestataires. Ils ont ainsi décidé de privilégier des services locaux (télésecrétariat, télécoms, entretien, comptable), originaires de la Haute-Vienne ou de la Corrèze.
Source : Laou Medical
Pas de regret au niveau de votre installation en ruralité ?
Avant de se lancer, les obstacles leur semblaient importants, toutefois ils ont rapidement su s’entourer, notamment grâce au soutien de la commune. En 18 mois, sans cesser de faire des remplacements en parallèle, ils ont mûri leur projet. Un parcours fait de rencontres et d’échanges.
Clément est le seul à avoir arrêté totalement son remplacement 3 mois avant l’ouverture du cabinet médical, pour se dédier à 100% à la construction du projet.
Une fois la ville choisie, les étapes se sont enchainées : négocier la subvention avec la mairie, créer leur société ensemble pour pouvoir exercer (les démarches juridiques ont été « un peu longues d’ailleurs »). Mais aussi acheter le matériel et remettre au propre eux-mêmes les murs du cabinet…
Depuis, leur statut leur permet de ne pas sacrifier leur vie personnelle au quotidien, de gérer leur agenda comme ils le souhaitent. En alternant entre eux 3 les horaires de présence au cabinet ainsi que les samedis matin pour les urgences, les amis profitent pleinement de leur vie personnelle. Ils peuvent notamment rejoindre en 15 minutes Limoges pour aller au restaurant, faire du sport, sortir avec des amis ou profiter de leur famille…
Source : TF1
3 mois après leur installation, ils font déjà partie intégrante de la vie de la commune, mangent au restaurant du coin, vont chez les commerçants et s’adaptent à merveille à cette nouvelle vie.
Comment les 3 médecins voient-ils la poursuite de leur aventure ?
Installé depuis quelques mois, le trio envisage déjà de devenir maître de stage afin d’accueillir des internes, dès l’année prochaine.
Pour Clément, qui dispense déjà des cours à la Faculté de Médecine de Limoges, ce sera un réel plaisir. Ayant lui-même terminé son internat il y a 2 ans, il se sent très proche des étudiants stagiaires de médecine générale. De plus, il pense que cela peut faciliter sa relation avec les prochains stagiaires.
On espère qu’ils transmettront leurs valeurs à ces jeunes internes en médecine générale.
#niel
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